Mes derniers jours de photo en Espagne : Quand ça vire à l’obsession…

Après cette première tentative manquée à cause des nuages, je n’ai malheureusement pas eu plus de chance le lendemain, et ma fenêtre pour faire cette photo de la Voie Lactée devenait de plus en plus étroite. J’aurais probablement dû passer à autre chose et rechercher de nouveaux spots, de nouvelles idées de photos. Mais incapable de faire la différence entre persévérance et obstination, je suis retourné sur ce parking chaque jour, le matin ou le soir et parfois les deux.

Seules les conditions de lumière changeaient mais c’était toujours le même sujet avec plus ou moins la même composition.

J’ai bien fait deux excursions loin de ce parking : un bout de la Ruta de Caoru qui relie Arenas à Tielve, un petit village d’altitude en dessous de Sotres, et les lacs de Covadonga. La première était vraiment une simple promenade avec un bon petit dénivelé durant laquelle j’ai surtout rencontré des chèvres et suivi une ancienne voie romaine, mais je n’avais pas pris mon appareil photo. Et la seconde, c’était l’enfer! Quelle idée d’aller dans ce genre d’endroit le 08 mai! Je suis arrivé tôt mais pas assez comme vous pouvez le voir dans la vidéo qui suit :

Le lendemain matin, très, très tôt, je suis donc retourné sur mon parking préféré pour une nouvelle tentative avec la Voie Lactée, même si je savais que sa visibilité allait être moindre. Je me disais qu’avec un peu de chance cette fois, il n’y aurait pas de vilains nuages pour masquer le pic.

Je suis donc arrivé vers 3h du matin et, effectivement, il n’y avait pas un nuage. Mais évidemment, quand la Voie Lactée a commencé à se montrer, les nuages sont arrivés. A 4h30, quand enfin la Voie Lactée était dans l’axe du pic, les nuages avaient totalement occulté le ciel et le pic.

J’avoue que cette fois, j’étais vraiment dégoûté. Je suis donc retourné me coucher. Et puis j’avais besoin de sommeil avant d’entreprendre le long trajet du lendemain. Et oui, c’était bien fini. On était déjà le 09 mai et je devais rendre la chambre le 10. J’avais prévu de faire la route du retour d’une traite : une douzaine d’heures de route avec les pauses, afin d’économiser une nuit d’hôtel et surtout parce que j’avais hâte de retrouver ma Dulcinée après avoir passé 3 semaines à chasser des moulins à vent.

Dans l’après-midi, je vais faire une petite promenade avec mon appareil photo, près du Cares. C’est le nom de la rivière qui passe à Arenas, la même dont j’avais suivi le cours dans les gorges lorsque j’étais à Caín.

Après cela, je m’autorise un petit restaurant à tapas dans la vieille ville. Après tout, c’est ma dernière soirée en Espagne !

Je me suis réveillé vers 3h du matin, pas intentionnellement je dois dire. J’aurais préféré dormir encore 2 bonnes heures mais, comme souvent, je me suis réveillé d’un coup, et après impossible de me rendormir. J’ai donc pensé que quitte à être réveillé, autant aller faire un dernier tour sur mon parking voir si la chance serait de mon côté cette fois.

Valise et sacs étaient prêts depuis la veille au soir, je n’avais plus qu’à charger mon sac photo et ma valise. Je me prépare un café que j’avale rapidement et un thermos de thé au lait concentré pour la route. Et me voilà à nouveau et pour la dernière fois, à 4h30 du matin, sur ce parking mais cette fois je suis dans la brume. Il est simplement impossible de distinguer la moindre étoile et à 5h, je décide qu’il est temps d’y aller.

Et ça commence très fort puisqu’il faut que je traverse les montagnes pour rejoindre l’autoroute qui longe la côte et, sans doute parce que c’était le chemin le plus court, le GPS me fait passer par des routes sinueuses que je n’avais encore jamais empruntées. Après, ce n’est que de l’autoroute jusqu’à Nantes donc rien de bien compliqué. Il faut cependant admettre que malgré le confort des sièges des voitures de nos jours, les multiples pauses tout au long du trajet, au bout de 10 heures de route je ne savais plus comment m’installer. Mais je suis arrivé à bon port sans souci.

Même si après 3 semaines d’absence, il semble que Kuma était surtout contente de retrouver mon sac photo.

Maintenant, que dire de cette petite aventure en solitaire…

Je crois que jamais de ma vie je ne me suis senti aussi libre et ouvert aux autres. Le fait de voyager en solo a fait que les barrières que j’avais érigées dans mon quotidien sont toutes tombées en quelques jours. Quand je parle de barrières, il s’agit de toutes ces stratégies que j’ai pu mettre en place tout au long de ma vie pour m’ accommoder à la vie. Pendant cette parenthèse de 3 semaines, elles avaient disparu et pour la première fois depuis longtemps il m’a semblé être en accord avec moi-même et avoir retrouvé, au moins en partie, l’enfant que j’étais. Le côté spontané, joyeux et curieux avec une pointe d’ insouciance que j’avais enfoui au fil des années pour mieux me protéger des autres et de la vie en général. Le seul inconvénient c’est que, bien évidemment, cela ne dure pas. La vie est ce qu’elle est, et vous rattrape dès que l’on retombe dans le quotidien : le travail, l’argent, la santé…et les angoisses qui vont avec. Bref, tout ce à quoi je n’avais pas pensé pendant 3 semaines. C’était comme reprendre son souffle après une longue apnée pour replonger de nouveau.

Quand à mon petit challenge de ramener au moins une photo pour chaque jour passé en Espagne, je pense que c’est réussi même si en fin de compte, cela n’avait plus vraiment d’importance. Il faut bien avoir un cap au départ mais ce qui importe, c’est le voyage pas la destination. C’est un peu bateau de dire ça, je m’en rends compte mais qu’importe puisque c’est vrai, au moins pour moi. J’ai tellement apprécié ce moment que quelques mois après, je suis reparti au Pays Basque pour une quinzaine de jours. Cette fois avec beaucoup moins de planification et moins d’itinérance mais ce sera l’objet d’un autre billet.

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