Les arches, enfin! Ou comment j’ai ruiné une paire de chaussures de marche
5:00 du matin, il fait froid dans le studio que j’ai loué. Je crois que la proprio a oublié de remettre du chauffage. Encore une fois, nul besoin de réveil pour me lever, c’est mon rythme de sommeil. Depuis le Covid, mon sommeil s’est décalé. Je n’ai jamais été un lève-tard, mais depuis 3 ou 4 ans, je me lève de plus en plus tôt. Du moment que j’ai au minimum 6h de sommeil. Mon heure de coucher s’est également décalée en conséquence. C’est plutôt un avantage pour moi qui préfère les premières heures du jour. En revanche, plus on se rapproche de l’été, plus la fatigue se fait sentir quand il faut enchaîner lever et coucher de soleil sur plusieurs jours. Mais bon, je suis venu là pour faire des photos alors…
Ce matin, j’avais décidé d’aller voir une plage et peut-être y faire des photos. Il faut comprendre ce qu’ils appellent plage, là-bas. Imaginez une bande de sable ou de galets, au pied d’une falaise uniquement accessible auand la mer se retire Je n’avais pas vraiment fait de recherches sur cette plage “Praia das Illas”, j’avais juste noté sa présence non loin de ma location. Donc pour changer de la plage des Cathédrales, je me suis dit que j’irai y faire un tour pour voir ce que ça donne au lever du jour. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, rien d’extraordinaire.
Donc plutôt que de m’acharner, et tant que le soleil était encore derrière l’horizon, je me suis dit que je ferais mieux d’aller à l’ouest de la plage des Cathédrales, afin d’avoir une vue d’ensemble de ce bout de côte. Retour à la voiture et je parcours les 2 km jusqu’au parking le plus proche de la plateforme en bois que j’avais repérée.
Beaucoup de chemins côtiers sont désormais fermés à cause de leur dangerosité, et certains ont été remplacés par des voies de planches de bois , et des plateformes au dessus de la végétation. J’imagine que c’est pour minimiser l’érosion dûe à la trop forte fréquentation. C’est d’une de ces plateformes que j’ai pris les photos suivantes, mais là encore, rien qui ne me fasse sauter au plafond.
Comme je ne trouvais toujours pas de photos, j’ai décidé de retourner à la Plage des Cathédrales. Peut-être les arches seront-elles visibles cette fois? Il y a une chance, le coefficient de marée est de plus en plus important avec les jours qui passent.
Je me dirige donc vers la plage des Cathédrales. Une fois de plus me direz-vous, mais c’est comme ça que je procède. Il me faut visiter un lieu plusieurs fois pour en tirer quelque chose. Même si parfois la première visite est la bonne, je ne peux faire autrement que d’y retourner. Le paysage reste le même mais les conditions météorologiques, la lumière, la marée…changent d’un jour à l’autre. C’est ainsi que se révèlent d’autres aspects, d’autres angles. Et puis, si la lumière ne se prête pas à la photo de paysage (trop plate, trop dure…), il reste les détails à explorer.
Je m’engage donc dans les escaliers menant à la plage, et progresse sur le sable jusqu’au premier obstacle qui me sépare de la partie où se trouve les arches. Passer cet obstacle, qui consiste en une barre rocheuse d’à peine 2m, n’est pas le plus difficile même avec 10kg de matériel sur le dos et mon trépied à la main. Il suffit d’attendre que la marée descende pour y accéder. La montée se fait sans grosse difficulté, c’est la descente qui est plus ardue. Il y a une “marche” de presque 1m à descendre. Mais ça, c’est quand la marée est suffisamment basse. Sinon, il faut attendre pour pouvoir passer sur un rocher au milieu d’une grande marre assez profonde (j’ai vu un homme s’y baigner) qui ne se vide jamais. Vous commencez à voir comment j’ai détruit une paire de chaussures? Je pense que vous avez une idée.
Je me retrouve sur la deuxième partie de la plage, maintenant il faut attendre que le niveau de l’eau baisse, donc pour patienter je fais quelques photos.
C’est alors que je vois un photographe venir vers moi. Ils sont faciles à reconnaitre, avec leur sac photo et leur trépied. Il a dû se dire la même chose en me voyant, Soit dit en passant. Celui-ci avait des chaussons de plongée ou de planche à voile quand moi j’étais en chaussures de rando. Un détail qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Il est espagnol et ne parle que très mal anglais mais j’arrive à comprendre qu’il nous faut encore attendre une heure et qu’il me faudrait le suivre pour voir les arches. Nickel! J’ai un guide!
Et en effet, lorsqu’on ne connait pas les lieux, on ne voit pas les arches au premier regard car elles se fondent dans la falaise: mêmes couleurs, mêmes motifs ou strates. Bref, il faut être sous les arches pour les voir.
Au bout d’une heure, j’aperçois mon photographe espagnol entre les arches. Je m’empresse donc de le rejoindre. Je traverse au plus court en passant par les rochers, mais je me rends vite compte que ces derniers sont vraiment très, très glissants. Glissants comme je n’en ai jamais vu. Imaginez du marbre sur lequel on aurait versé de l’eau, le tout avec une légère pente, histoire que la gravité joue contre vous. Impossible de passer par là sans finir les quatre fers en l’air ou pire. J’ai vu quelques personnes tomber lourdement.
Donc je suis obligé de me mouiller un peu les pieds. Vous voyez où je veux en venir? Je traverse là où la mer vient finir sa course. C’est peu profond et jusque là, l’intérieur de mes chaussures reste sec. Je suis le photographe entre les arches mais à part quelques bancs de sable qui émergent de l’eau je ne vois pas de passage et là, je me dis : “C’est con, j’ai des bottes dans la voiture!”
J’hésite car l’eau semble dépasser la hauteur des chaussures, l’eau va forcément entrer... Mais ce serait rater l’opportunité d’une photo à coup sûr. La mer descend, et dans 30mn / 60mn, l’endroit va se remplir de monde. Je n’ai pas le temps de retourner à ma voiture, donc je me lance. Au bout de trois pas, je comprends qu’il me sera impossible de rester au sec. Trois pas de plus et j’ai de l’eau à mi-mollets. Bon, autant y aller carrément maintenant, et je me retrouve sur le banc de sable où est le photographe. Je prends quelques photos, sans grande conviction, la “bonne lumière” est passée, mais au moins les aurais-je vu, ces fameuses arches. En revanche, mes chaussures n’y auront pas survécu. J’ai bien essayer de les sécher mais rien y faisait, l’intérieur restait trempé. Fort heureusement, Décathlon a trouvé son chemin jusqu’à Ribadeo. Et comme je ne pouvais me passer de chaussures de marche, je suis allé en acheter une nouvelle paire.
Plus tard dans la journée, j’ai reçu un message d’Alain, le photographe de Toulouse que j’ai rencontré le 1er matin. Ils reviennent dans le secteur demain et me propose de se retrouver au même endroit que la dernière fois, pour refaire une session ensemble. RDV 6h30 demain. Je lui dis que ça tombe bien parce qu’on m’a montré par où passer pour voir les arches. Cette fois j’irai en bottes.