Pour une première journée, ça commence fort!
Cela fait maintenant huit jours que je suis arrivé en Espagne, et je dois dire que jusqu’à présent la météo est plutôt avec moi. J’ai bien eu quelques jours de pluie en fin de semaine et, tant que je ne suis pas sous un déluge, ça me va. Mon matériel est normalement conçu pour le supporter, et j’ai ce qu’il faut pour supporter la bruine ou quelques averses. A mon arrivée, j’étais quelque peu obsédé par les prévisions météorologiques, mais j’ai fini par accepter le fait que, comme en Bretagne, les consulter quelques jours en avance était totalement vain, car le relief et les changements de direction des vents rend le temps assez imprévisible. Je ne les regarde plus que lorsque je me lève et avise en fonction si je sors ou non. De toute façon, j’ai défini les lieux où je voulais me rendre bien en amont de mon départ et je n’ai pas de prise sur la météo. Alors, qu’il vente ou qu’il pleuve n’a pas vraiment d’importance maintenant. Je regarde simplement s’il y a beaucoup de nuages et les quantités de pluie prévues le jour même.
Et ce matin, il n’y a pas de pluie au programme, simplement des nuages. Je refais les 10 mn de route parcourues la veille, cette fois dans l’obscurité, et retrouve mon stationnement d’hier au soir.
Il me faut encore quelques minutes pour atteindre la falaise.
Après environ 3h30 passées à faire des photos de cet endroit hors du commun, je rentre enfin à mon logement pour vider la carte mémoire, déjeuner et faire une petite sieste. J’ai accumulé de la fatigue et la nuit passée ne s’est pas avérée très reposante. La raison en est que, bien que l’appartement soit superbe, l’insonorisation est à revoir et par malchance, le gamin dans l’appartement du dessous a dû faire un cauchemar car, à 4h du matin, ses pleurs m’ont réveillé. Et les nuits suivantes n’ont, hélas, pas été meilleures, mais ce n’était plus à cause d’un gamin mais d’un jeune couple, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref, j’avais besoin de sommeil, d’autant que j’avais prévu de visiter une autre plage le soir, pour le coucher du soleil.
Vers 18h, je me rends donc à cette plage que je ne connais que par les cartes satellites de Google. La route pour y aller est quasiment la même que pour la première, car elle se trouve juste en face à quelques kilomètres à vol d’oiseau, à la différence près que je dois emprunter une toute petite route pour accéder au parking qui, lui, se trouve en bord de falaise.
J’arrive à un petit village où je trouve un panneau indiquant la plage à un kilomètre. La route est très étroite et passe entre des maisons traditionnelles. Rapidement, le bitume disparait pour laisser place à une piste de gravier, pleine d’ornières. J’avance donc prudemment, car la Clio n’est pas vraiment conçue pour ce type de voie, elle est quand même très basse et ça frotte un peu par endroit. J’arrive enfin au “parking”. Je mets entre guillemets parce qu’il n’y a pas d’emplacements. En gros, on se gare comme on peut, où on peut.
J’ai beaucoup de temps devant moi, il est 18h passées et le soleil ne se couche qu’à 21h25. J’entame la descente vers la plage tranquillement, faisant des poses dans les escaliers de pierre pour profiter de la vue. Je n’ai rien filmé pendant la descente parce que je ne suis pas vraiment à l’aise quand il s’agit de faire de la vidéo lorsqu’il y a beaucoup de monde et, ce soir-là, il y avait pas mal de gens à venir admirer la vue, tant dans les escaliers que sur la plage. Ce n’était pas vraiment ce à quoi je m’attendais et je ne peux pas dire que j’en étais heureux mais bon, c’est comme ça! J’arrive sur une plage de galets très pentue, certainement parce que le ressac doit repousser les galets vers le haut de la plage. La mer est montante et le bruit des galets qui roulent sous les vagues est vraiment très puissant. Au vu de la configuration des lieux, il me semble imprudent de m’éloigner des escaliers car la plage risque d’être coupée en deux une fois que la mer aura atteint son maximum, et la progression dans les galets est vraiment difficile. Encore une fois, j’ai 10kg sur le dos et ces galets roulent sous les pieds avec la pente, me faisant perdre l’équilibre à plusieurs reprises. Je trouve un point de vue satisfaisant et recherche une composition. Le but est d’être fin prêt avant l’heure dorée.
J’ai donc plus de deux heures à tuer. J’ai repéré une composition qui me plait. Ne voyant pas de premiers plans dignes d’intérêt, j’opte pour une focale longue. Le 100-400mm fera le travail. Outre le fait de rapprocher des sujets distants, il permet d’éliminer nombre d’éléments parasites qui pourraient gêner la lecture de l’image, et concentre donc l’attention vers un point plus précis, le point focal. Il compresse également les distances entre des éléments éloignés les uns des autres. Mais il y a aussi de nombreux inconvénients à utiliser ce type de focale : nécessité d’utiliser des vitesses assez élevées quand on n’utilise pas de trépied, car le moindre micro-mouvement de l’appareil ou de l’objectif est amplifié, ce qui a pour conséquence des photos floues.
Comme j’utilise un trépied, je peux me permettre de descendre en vitesse pour obtenir un effet pictural sur les vagues. Mon principal problème est que je suis obligé d’utiliser le retardateur de l’appareil pour éviter que la pression sur le déclencheur ne provoque un mouvement du boitier, et donc de l’objectif, mais cela rend quasiment impossible d’anticiper le comportement des vagues. Pour contourner ce problème, après quelques tests de vitesse afin d’obtenir le rendu que je souhaite, je règle l’appareil pour qu’il fasse une photo par seconde pendant une minute, soit 60 photos par minute. Plus besoin du retardateur dans ce cas, la première photo sera floue mais pas les suivantes puisque le boitier déclenche tout seul. Vous vous doutez qu’à la fin, je me retrouve avec beaucoup de photos mais quand on sait ce que l’on recherche, le tri va assez vite. De plus, cela me permettra de faire ce qu’on appelle un “time blending” en associant plusieurs photos.
Le cadre ne bougeant pas, les seuls éléments qui diffèrent d’une photo à l’autre sont les vagues et les nuages. Ne reste plus qu’à sélectionner une photo où les nuages sont à mon goût pour servir de base et empiler, dans Photoshop, celles où les vagues sont les plus belles. Ce n’est ni plus ni moins qu’une multi-exposition comme on pouvait le faire en argentique, sauf qu’au lieu d’avoir un résultat aléatoire, je peux contrôler et choisir les zones qui m’intéressent dans chaque exposition.
Pendant ces heures passées sur cette plage à attendre le moment idéal pour cette photo, j’ai bien sûr tenté d’autres choses : photos de roches, d’autres angles du même sujet ou d’autres sujets comme ci-dessous.
Je pensais revenir sur cette plage le lendemain soir, mais la route du retour étant encore plus défoncée qu’à l’aller (c’est un sens unique), et le manque de sommeil dû au voisinage trop bruyant ne m’ont pas poussés dans ce sens. J’en nourris quelques regrets aujourd’hui. En revanche, je suis retourné le lendemain matin à la première plage pour refaire la première photo, celle depuis le haut de la falaise car plusieurs choses ne me plaisaient pas.
Vous avez dû remarquer que je n’ai jusqu’à présent pas nommer cet endroit. Il y a bien quelques indications que j’ai donné ça et là, mais je ne donnerai pas de nom de lieu précis pour la simple raison que ces endroits sont déjà bien assez fréquentés. Ces dernières années, les réseaux sociaux ont terriblement contribué à la surfréquentation d’endroits jusque-là préservés du tourisme de masse. Je ne voudrais pas faire parti du problème en rendant trop accessible certains lieux que j’ai pu visiter dans le calme. Faites vos recherches, tout est disponible sur le web!